Constantinople
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Contient : et de (77), et, de(...) En fait, sa puissance est plus grande que celle de l'ancien praefectus urbi : il a sous ses ordres les services de l'annone et des vigiles qui, à Rome, ne dépendaient pas de lui; Justinien a en effet remplacé le préfet des vigiles par un préteur des dèmes qui est subordonné à l'éparque et chef des corps de policierset depompiers établis dans chacune des quatorze régions de la capitale (division imitée de l'ancienne Rome). (...)
Il était constitué par deux grandes places: à l'est, l'Augustéon, rectangulaire, autour duquel s'ordonnaient au nord Sainte-Sophie et les bâtiments du Patriarcat, à l'est le palais de la Magnaure, au sud le Grand Palais et l'Hippodrome; plus à l'ouest, le forum de Constantin, dont la forme ovale imitait, disait-on, celle de l'Océan, rassemblait, autour de la Tyché de la villeet dela statue de son fondateur, les bâtiments du Prétoire et le palais du Sénat. Les deux places étaient reliées par la Régia , large rue à portiques où étaient installées les boutiques des changeurs et des argentiers, ce qui en faisait le principal centre des affaires. (...)
Toutes ces grandes rues, soigneusement pavées, étaient bordées de vastes portiques à un ou deux étages, les 'emoloi, qui donnaient à la capitale son aspect le plus caractéristique, et servaient à la fois de souks, d'abris contre la pluie, de salles de réunionet derefuges nocturnes pour les vagabonds. Les monuments Constantinople, capitale politique et religieuse, grand centre commerçant, se distinguait par le nombre de ses palais, de ses édifices administratifs, de ses églises, de ses marchés, de ses portset deses maisons de tolérance. On comptait, dans la ville même, une vingtaine de palais impériaux, qui n'ont d'ailleurs pas tous existé en même temps, et autant dans la banlieue. (...)
Le monument civil le plus populaire, l'Hippodrome, n'était pas proprement byzantin: il datait de Septime Sévère, mais les empereurs chrétiens l'avaient magnifiquement orné avec les dépouilles de l'Egypte, de Delpheset deRome. Constantinople possédait, à l'époque de sa plus grande splendeur, plus de 500 églises (en comptant les multiples chapelles de couvents). (...)
Le premier est la fin du conflit entre le christianisme et le pouvoir impérial; il faudra moins d'un siècle depuis les édits de tolérance pour qu'une étroite alliance de l'unet del'autre devienne une des bases de l'Etat. Le second est l'existence, à partir de 330, d'une « nouvelle Rome » dans la partie orientale de l'Empire: romaine en effet par ses institutions, elle est grecque par son peuplement, sa langue et sa culture; et c'est par elle que le monde grec recevra enfin l'organisation politique puissante qu'il n'a encore jamais connue. (...)
Mais, d'autre part, par la nécessité d'être comprise de tous, l'Eglise a atténué les effets fâcheux de l'éruditionet dela rhétorique sur l'expression littéraire. Si la philosophie est surveillée par l'Eglise, la rhétorique, l'histoire, voire la poésie profane, sont plus ou moins placées sous la coupe du pouvoir civil qui les utilise volontiers pour sa propagande. (...)
Les peintres de la première moitié du XXe siècle en ont bénéficié dans leurs recherches fondamentales de formeet demétier. Henri Matisse n'avait pas négligé les leçons des icônes; la violente douceur de la célèbre Trinité de Roublev semble toujours vibrer dans les meilleures oeuvres d'un Kandinsky ou d'un Larionov. (...)
Dans le même temps, l'opinion était déchirée par deux grandes querelles dogmatiques, envenimées l'une et l'autre par la rivalité des patriarcats d'Alexandrieet deConstantinople que l'exil de Jean Chrysostome (404) avait pour toujours dressés l'un contre l'autre. (...)
Si le bilan de celui-ci fut positif en d'importants domaines (législation, culture, commerce extérieur), il s'avéra vite que Justinien avait surestimé les ressources militaires et économiques de l'Empire, qui ne pouvait à la fois garantir ses frontières du Danubeet del'Orient et défendre la pars occidentalis contre un retour offensif des Barbares; en revanche il avait largement sous-estimé le danger slave. (...)
En 610, à la fin de sa troisième et dernière phase, l'Empire romain d'Orient, encore solide intérieurement, semblait devoir être bientôt écrasé sous la double pression de l'Asieet del'Europe barbare. La crise du VIIe siècle (610-717) : L'idée de légitimité dynastique a fait, au VIIe siècle, de rapides progrès : jusqu'à la longue série de désastreset decoups d'Etat qui suivit la première chute de Justinien II, le trône fut constamment occupé par des membres de la famille des Héraclides, qui firent ainsi bénéficier l'Etat d'une incontestable continuité de vues, exception faite pour le domaine religieux - continuité qui tient peut-être en partie aux traits de caractère communs aux Héraclides: un goût très vif de l'action; des dons de stratège; une piété sincère, bien que souvent mal éclairée; un sens de l'autorité dégénérant parfois en despotisme. La régularité de cette succession est d'autant plus remarquable que le VIIe siècle ne fut pas précisément pour Byzance une époque de tranquillité: il commença dans le chaos et finit de même. (...)
La survie de cet Etat à travers une si terrible crise étonnait les philosophes français du XVIIIe siècle, et même un Montesquieu, d'ordinaire plus perspicace et mieux informé, ne voyait dans l'histoire byzantine qu'« un tissu de révoltes, de séditionset deperfidies ». Elle est due, sans doute, aux forces vitales que l'Empire gardait encore en lui, mais aussi à une double chance. (...)
La première est d'ordre géographique: l'attaque arabe, dont le point de départ se situe à peu près à la jointure de l'Afriqueet del'Asie, tomba d'abord sur l'Egypte et les provinces d'Orient, qui, précisément, par leur situation excentrique, leur attachement à l'hérésie, le prestige même de leurs vieilles capitales, constituaient un obstacle à l'unité de l'Empire. (...)
La situation intérieure eût donc été saine si Héraclius, rééditant l'erreur de Justinien, n'avait pas inventé de réconcilier les monophysites et les orthodoxes à l'aide du monothélisme, doctrine qui n'admet qu'une seule volonté chez le Christ, et dont les seuls effets furent d'allumer une nouvelle querelle religieuseet detendre les rapports de l'Empire avec la papauté. Après la mort prématurée de Constantin III et la déposition d'Héraclonas - coupable surtout d'être le fils de l'impopulaire Martine, la deuxième épouse d'Héraclius -, le Sénat donna le trône au jeune Constant II, dont le règne fut marqué surtout par l'irrésistible progression des Arabes, qui sous Moawiya occupèrent Césarée de Cappadoce, puis se lancèrent sur mer et ravagèrent Chypre, Rhodes, Cos et la Crète. (...)
Mais ces mesures diminuaient l'influence des grands propriétaires ruraux qui formaient la classe dirigeante depuis que les invasions arabes, en coupant les voies commerciales de l'océan Indienet dela Méditerranée, avaient causé le déclin de l'activité industrielle. Or, Justinien II eut l'imprudence de s'aliéner aussi les classes populaires en aggravant une fiscalité déjà très lourde, pour satisfaire ses goûts de bâtisseur fastueux. (...)
La crise iconoclaste représente la dernière de ces tentatives, et la seule qui ait eu un résultat positif: elle a fixé pour l'avenir les rapports de l'Egliseet del'Etat en des bornes que ni l'une ni l'autre ne franchiront plus. Désormais le patriarche sera, à de rares exceptions près, le fidèle agent de la politique impériale; en retour, les empereurs serviront, d'une part, l'ambition des patriarches contre l'autorité romaine, d'autre part, la vaste expansion du christianisme oriental à travers les pays slaves. (...)
Les principales voies commerciales vont vers l'Asie centrale par l'Arménie, vers Venise par l'Adriatique, surtout vers la principauté de Kievet, delà, par le royaume khazar, vers l'Extrême-Orient. Au perfectionnement de l'administration, au développement économique correspond, surtout au début de la dynastie, une grande activité législatrice. (...)
En Asie, en revanche, c'est Byzance qui se montra agressive et conquérante, et cela pour des motifs divers: la volonté de maintenir sa prépondérance en Arménie et dans le Caucase, un certain esprit de croisade animé par un patriarcat plus puissant que jamais, et surtout le besoin de terres. Malgré les efforts de la plupart des empereurs, les grands domaines des couventset dela noblesse provinciale s'accroissent toujours au détriment de la petite propriété. Il y a là une menace très grave pour le recrutement de l'armée, fondé sur le système des biens militaires. (...)
La deuxième (944-1025), dont les deux tiers sont remplis par le long et brillant règne de Basile II, met l'Empire à son plus haut point de puissanceet deprospérité. La troisième (1025-1081) est l'ère des « époux de Zoé »; ce demi-siècle suffit pour précipiter Byzance dans la pire détresse. (...)
En outre, sa législation continua l'effort obstiné de Lécapène pour la protection de la petite propriété rurale; ni l'un ni l'autre, malheureusement, ne surent voir que, si cette petite propriété disparaissait, c'était en grande partie par la faute de l'Etat lui-mêmeet desa fiscalité trop lourde. L'époque de la grande expansion de Byzance commence, assez curieusement, par le règne d'un incapable, Romain II, marié à une belle intrigante, Théophano. (...)
Puis il se tourna contre les Fatimides d'Egypte qui menaçaient la Syrie et les refoula jusqu'à Césarée en annexant la Phénicie. Les faiblesses d'une très grande puissance : Les campagnes de Phocaset deTzimiskès avaient fait de Byzance la plus grande puissance d'Europe et d'Asie antérieure. Mais ces deux règnes n'avaient pas été aussi bienfaisants, il s'en faut, pour l'équilibre social de l'Empire. (...)
Aussi la législation agraire de Nicéphore Phocas marque-t-elle une réaction par rapport à celle de Romain Lécapèneet deConstantin VII. Il y avait là une menace pour l'avenir. Après la mort de Jean Tzimiskès, le pouvoir effectif revint, non sans difficulté du reste, aux descendants directs de Basile Ier, qui ne l'avaient, en somme, exercé qu'à de rares intervalles et sans éclat depuis la mort de Léon VI. (...)
A sa mort, le plus grand des empereurs byzantins laissait un Etat qui s'étendait à l'est jusqu'au mont Ararat, au nord jusqu'à la ligne du Danubeet dela Drave, à l'ouest jusqu'à l'Istrie, au sud jusqu'aux abords de Tripoli; la côte sud de la Crimée, l'Italie méridionale jusqu'à Teano étaient byzantines. (...)
En outre, la poussée des peuples turcs (Petchenègues installés sur le Danube depuis Basile II, Polovtzes en Russie du Sud, Seldjoukides aux frontières orientales) coupe les voies de communication vers le nord et l'est; cela entraîne le déclin du commerceet del'activité urbaine, alors que la fiscalité pèse de plus en plus lourd sur les classes les moins favorisées et sur les vassaux bulgares et slaves et contribue à détacher ceux-ci de l'Empire. (...)
Les trois premiers Comnènes pourront bien, par leur courage, leur ténacité, leurs brillantes qualités de diplomates, reconquérir une grande partie du territoire envahi et conjurer pour un siècle le péril turc en Asie et en Europe, ils n'en resteront pas moins prisonniers de la classe qui les aura mis au pouvoir,et deses intérêts: caste au loyalisme toujours douteux, dont assurément la tenue est meilleure que celle de la noblesse civile du XIe siècle et la culture souvent raffinée, mais orgueilleuse et fermée; avide de titreset deprivilèges, elle n'éprouve ni pitié ni sollicitude pour un peuple qui souffre. Grandes ambitions, faibles moyens : D'Alexis Ier à Manuel, on voit les Comnènes suivre une politique de plus en plus ambitieuse, s'abandonner au rêve d'un Empire reconstitué dans toute sa puissance, sans voir que l'état social et économique du pays ne le permet plus. (...)
Il fallut les compléter en engageant des mercenaires, toujours coûteux, notamment des Russes, des Scandinaves et des Anglais qui composaient la fameuse garde des Varanges. Il fallut surtout utiliser les services des croisés, dont l'avidité stupéfia Anne Comnène,et dela marine vénitienne, qui se fit payer en privilèges commerciaux, ruineux pour l'Empire. Les exploits et les travaux d'Alexis Ier avaient, en 1118, refait de Byzance une grande puissance, à vrai dire rejetée vers l'Orient par la perte de l'Italie du Sudet depresque toute la Dalmatie, et menacée au sud de son domaine asiatique par les jeunes principautés franques . Mais les croisades avaient eu une conséquence plus grave encore: celle de dériver vers la Syrie les voies commerciales venant de l'Est, et cela dans le temps même où le réveil économique de l'Occident, la croissance des cités d'Italieet dela Flandre réduisaient les débouchés extérieurs de l'industrie byzantine. Celle-ci, profitant de la sécurité retrouvée et d'une administration moins étatiste était redevenue fort active; mais la concurrence des Vénitiens, puis des Génois, la menaçait déjà et finira par l'étrangler. (...)
L'étonnante aventure d'Andronic Comnène, qui aurait peut-être sauvé Byzance si elle avait réussi, fut pour elle le début du chaos. Ce cousin de Manuel, pourvu de tous les donset debeaucoup de vices, avait toujours ambitionné la couronne. La régence de Marie d'Antioche, en favorisant maladroitement les Latins détestés, lui permit de se poser en chef de l'opposition nationaliste. (...)
Chose curieuse, ce fut la décadence même de l'Etat byzantin qui aida à sa survie: dans un pays où les forces centrifuges l'emportaient désormais sur la volonté centralisatrice d'un pouvoir affaibli, il ne suffisait plus de frapper à la têteet des'emparer de la capitale pour voir l'ensemble de l'Empire tomber sous la domination du conquérant. (...)
Surtout, l'Asie Mineure dut à l'énergie de Théodore Lascaris, gendre d'Alexis III, qui semble avoir été élu empereur par le clergé quelques heures avant la prise de Constantinople, d'échapper à la conquête pour sa plus grande partieet deformer le noyau à partir duquel sera reconstitué l'Empire, en moins de soixante ans, avec une habileté digne des plus grands souverains de Byzance. (...)
L'histoire de cette dynastie comporte deux parties: les vingt ans de règne de Michel VIII lui-même, qui semblèrent inaugurer une nouvelle période de puissanceet degrandeur pour l'Empire, et une décadence de près de deux siècles qui aboutit à sa disparition définitive. (...)
Dès 1422, ils reparaissaient sous les murs de Constantinople; en 1430, ils reprenaient Thessalonique. Manuel II était mort en 1425, regretté de tout le peuple; homme bonet degrand caractère, respecté des Turcs eux-mêmes, au surplus grand ami de la culture et écrivain de talent, il avait su attirer les étudiants occidentaux dans l'Université réorganisée par ses soins. (...)
Certains esprits tâchent d'appliquer à cette fin la méthode d'Aristote, sa logique et ses conceptions scientifiques, jetant ainsi les bases de la scolastique: c'est le cas de Jean Philoponos, païen converti, qui réfuta la théorie de l'éternité du monde (De la création du monde) ,et deLéontios de Byzance (475 env.-542), qui chercha une formulation philosophique du dogme des deux natures du Christ. (...)
Ce qui nous en reste, notamment le traité De l'administration de l'Empire , le traité Des thèmes , surtout le Livre des cérémonies , est très précieux pour l'histoire des institutionset dela société byzantines. C'est certainement à l'impulsion donnée par Contantin VII à la compilation érudite que l'on doit des ouvrages comme le Lexique de Suidas (ou la Souda) , la nouvelle Anthologie , réunie vers 900 par le poète Constantin Képhalas et dont une seconde édition sera l'Anthologie palatine , ou le vaste recueil hagiographique de Syméon Métaphraste (Xe-XIe s. (...)
L'histoire aussi subit l'influence de Constantin VII; mais c'est parce que celui-ci met les historiens au service de la propagande impériale: c'est le cas des « continuateurs de Théophane », parmi lesquels Constantin VII lui-même, auteur d'une Vie de Basile Ier ,et deJoseph Génésios, qui écrit quatre Livres des Rois (de Léon V à Basile Ier); leur objectivité est évidemment sujette à caution. (...)
En revanche, l'hagiographie profite toujours de la vigoureuse impulsion que lui ont donnée dès le VIIIe siècle les persécutions iconoclastes. Mais elle se teinte volontiers de romanesqueet defantastique: certaines biographies sont de purs romans, comme la Vie de saint Théodore d'Edesse, la Vie de saint Léon de Catane, et surtout la Vie de saint André le Fou par le prêtre Nicéphore (début du Xe s. (...)
Le début de cette époque est dominé par la puissante personnalité de Michel Psellos (1018-1078), petit bourgeois parvenu aux plus hautes charges, érudit universel dans la grande tradition des lettrés byzantins, mais surtout passionné de rhétoriqueet debeau style: c'est lui qui, par l'étude appronfondie de Platon et des orateurs de toutes les époques, a mis au point une nouvelle prose d'art, au rythme réglé par des lois sévères, au vocabulaire extrêmement riche, qui s'affinera encore sous les Comnènes. (...)
En cela, il s'opposait à des prélats humanistes comme Jean Apokavkos (mort vers 1230) ou Georges Bardanès. Dans le domaine plus proprement littéraire, la poésie d'inspirationet deforme populaire gagne du terrain, par exemple avec Nicolas Irénikos, auteur d'un Epithalame sur le mariage de Jean III, et avec les premiers romans de chevalerie, dont l'apparition coïncide avec l'occupation franque. (...)
En réalité, la haute culture qui est de tradition dans la dynastie des Paléologues, la nouvelle Université réorganisée par Manuel II et qui attirera les étudiants italiens, le prestige du patriarcatet deson école, une décentralisation imposée par le morcellement du domaine byzantin et qui fera de Thessalonique et surtout de Mistra des centres de culture, le grand mouvement spirituel de l'hésychasme enfin, tout cela contribue à maintenir la vitalité des lettres byzantines; et plus encore, peut-être, les contacts plus fréquents avec l'Occident et l'épanouissement d'un esprit de liberté grâce à la disparition de la contrainte exercée par un Etat puissant. (...)
Un esprit de liberté : L'impulsion est donnée dès le début de cette période par une génération de grands professeurset dehauts fonctionnaires - souvent les deux à la fois - tels que Georges Pachymère (1242 env.-1310 env. (...)
Toute cette école est divisée par une querelle de rhéteurs - c'est l'époque où la rhétorique envahit tout - entre les tenants de l'atticisme (ou de ce qu'on prend alors pour l'atticisme)et del'imitation des Anciens, tels que Choumnos, et les « Modernes » comme Métochite, dont la manière, semble-t-il, était plus exubérante et passionnée. (...)
Il faut enfin signaler, à mi-chemin entre l'histoire et la chanson de geste, une chronique en vers politiques, sans valeur littéraire du reste, la Chronique de Morée , récit de la conquête franque du Péloponnèseet dela vie de la principauté jusqu'en 1292; elle a été rédigée par un « gasmoul », demi-franc et demi-grec. (...)
Les monuments de Constantinople ont beaucoup souffert des destructions, plus que ceux des provinceset dela périphérie du monde byzantin. En outre, l'architecture profane reste très mal connue, alors que les édifices religieux sont conservés en grand nombre. (...)
Ainsi l'art chrétien, qui n'était au IIIe siècle qu'une branche modeste de l'art du Bas-Empire romain, acquiert-il, au IVe siècle, un caractère public, officiel: il bénéficie alors de l'appuiet dela richesse des empereurs et des classes dominantes de la société. L'époque protobyzantine (IVeVIIe s.), transition entre l'Antiquité et le Moyen Age, réalise la synthèse du christianismeet dela tradition gréco-romaine; c'est au VIe siècle que se dégagent, dans tous les domaines, les caractères spécifiques de l'art byzantin et que se perfectionnent les différentes techniques. (...)
Artisanat et commerce sont florissants si l'on en croit les sources (Nicolas Choniate, Anne Comnène, Benjamin de Tudèle, Idrisi) et certaines découvertes archéologiques (ateliers de verrierset depotiers à Corinthe par exemple). Au XIIIe siècle, marqué par l'occupation latine de Constantinople, certaines régions d'Asie Mineure semblent relativement prospères (empires de Nicéeet deTrébizonde). Aux XIVe-XVe siècles, la ville de Mistra , construite sous la protection de la forteresse de Villehardouin, offre un dernier exemple de ville byzantine avec son kastro, sa ville moyenne et ses faubourgs. (...)
Le palais de Tekfur Saray à Constantinople, ceux de Bryas (dans l'actuelle ville de Maltepe dans le golfe d'Izmit), de Trébizondeet deNymphaion (près d'Izmir) sont peut-être à rapprocher, par leurs corps de logis allongés, du palais des Despotes à Mistra. (...)
Les maisons, souvent perpendiculaires à la pente, sont toutes pourvues d'un étage et le rez-de-chaussée est enterré du côté de la montagne. Les plus riches sont dotées d'une terrasse (héliakon) donnant sur la valléeet detours. La famille résidait à l'étage dans un ample triklinos pourvu d'une cheminée. L'habitat byzantin est trop mal connu pour que l'on puisse établir un lien entre lui et celui qui lui succède dans les îles (Thasos, Chios, Antiparos, Kimolos) et, à date plus récente, dans les Balkans. (...)
Citons Sainte-Sophie de Thessalonique, dont les dimensions sont importantes (43 m Z 35 m); elle offre une coupole reposant sur quatre épais berceaux qui retombent sur des piles exceptionnellement larges. Celles-ci ont pour effet de déporter vers le nord et le sud les collatérauxet deles excentrer par rapport aux annexes du sanctuaire (prothèse et diaconicon) qui apparaissent alors et constituent désormais l'un des traits permanents de l'architecture byzantine. (...)
Les façades, particulièrement les absides, étaient animées par des niches et des arcatures. L'appareil était fait soit de moellonset debriques, soit de briques seulement. En Asie Mineure, un assez grand nombre de monuments se dressent encore, indépendamment même des églises rupestres de Cappadoce, dont certaines - les églises à colonnes - atteignent un degré remarquable de monumentalité. (...)
unlu, Iznik), de Sardes et du Latmos. Plus à l'est, évoquons les églises de Canli Kilisse (Cappadoce)et deTrébizonde. A Chypre, quelques églises (monastère de Saint-Chrysostome, env. 1090, proche de la Nea Moni de Chio; église du château de Saint-Hilarion, XIe s. (...)
A la souplesse des lignes constantinopolitaines s'oppose en Hellade une prédilection pour les surfaces rectilignes ou triangulaires. On retrouve toutefois un souci décoratif similaire fondé sur l'utilisation de la briqueet deson opposition aux moellons de pierre. Mais il prend des aspects particuliers: les moellons, souvent soigneusement équarris, sont cernés sur leurs quatre côtés de briques qui peuvent être taillées et représenter des motifs coufiques, des lettres grecques, voire des signes christologiques. (...)
La croix, seul motif chrétien maintenu, joue un rôle important dans le décor des églises, particulièrement dans l'abside (mosaïque de Sainte-Irène, à Constantinople, de la Dormition de Nicéeet deSainte-Sophie, à Thessalonique). L'attribution à l'époque iconoclaste de plusieurs décors provinciaux découverts en Asie Mineure (Cappadoce, Isaurie), en Grèce (Magne) et dans les îles (Naxos, Crète) demeure souvent conjecturale, même si elle paraît, dans certains cas, très vraisemblable. (...)
La Cappadoce est aussi la seule province de l'Empire qui conserve toute une série de peintures murales des IXe et Xe siècles, période fort mal documentée par ailleurs (mosaïques de Sainte-Sophie de Thessaloniqueet deSainte-Sophie de Constantinople). Parmi les oeuvres de styles variéset dequalité inégale, se détachent, vers le milieu du Xe siècle, les remarquables peintures de la nouvelle église de Tokal?, à Göreme, exemple unique, dans la décoration monumentale, du classicisme de la renaissance macédonienne. (...)
Il est représenté par les peintures de la Panagia tôn Chalkéôn , à Thessalonique (1028), par les mosaïques et les fresques de Saint-Luc en Phocide, fondation probablement liée à une riche famille de propriétaires terriens de la région de Thèbes, en Béotie (4e décennie du XIe s.?), par les mosaïques de Sainte-Sophie de Kievet denombreux autres monuments, en Grèce, en Cappadoce, en Italie du Sud et à Venise. Un second courant, plus pictural, apparu un peu plus tard, connut également une grande diffusion. (...)
Les icônes : L'icône portative, peinte sur un panneau de bois, est peut-être l'expression la plus caractéristique de l'artet dela spiritualité de Byzance [cf. ICONE]. Nouvelles découvertes et travaux récents ne cessent d'en faire progresser l'étude, et pourtant, si le corpus des oeuvres s'accroît, si la chronologie souvent s'affine, maints problèmes demeurent, qui touchent à la datation des pièces, à la localisation des centres de production et à l'origine des artistes. (...)
L'époque des Paléologues marque l'apogée de la peinture d'icônes à Byzance et dans sa sphère d'influence. Pour satisfaire les besoins croissants de la piété privée, du culte liturgiqueet del'exportation, les icônes sont produites en grand nombre dans les ateliers de Constantinople, de Thessalonique, d'Ohrid et d'autres centres, dont l'activité reste toujours difficile à cerner. (...)
Les enluminures : Les miniatures de manuscrits représentent un très vaste domaine de l'art byzantin, domaine en partie encore inexploité et qui pose les habituels problèmes de datationet delocalisation. La recherche sur les ateliers de miniaturistes n'en est encore qu'à ses débuts, la notion même d'ateliers de peintres et les rapports de ceux-ci avec les scriptoria étant, à Byzance, difficile à cerner. (...)
), on ne possède qu'un très petit nombre d'ouvrages littéraires (L'Iliade , Le Roman d'Alexandre de Pseudo-Callisthène)et dechroniques historiques (le Skylitzès de Madrid, daté aujourd'hui du XIIe siècle, la Chronique de Constantin Manassès, dans sa traduction bulgare, au Vatican, vers 1345) qui soient illustrés de miniatures. (...)
Il n'est guère possible de retracer l'histoire de l'enluminure à l'époque paléochrétienne: les manuscrits parvenus jusqu'à nous sont trop peu nombreuxet destyles trop hétérogènes (cf. artPALEOCHRETIEN). L'iconoclasme n'a pas interrompu la production de manuscrits enluminés. (...)
Destiné à l'empereur Basile Ier et probablement conçu par le patriarche Photius, il comporte une illustration abondanteet dequalité, qui témoigne d'une grande érudition théologique et du souci d'exalter le dédicataire impérial du manuscrit (880-883). (...)
Des types de sarcophage (à guirlandes, notamment), des chapiteaux (par exemple le rendu de l'acanthe dans les chapiteaux corinthiens), des plaques (comme celles du grand nymphée de Sidé) offraient des traits qui les séparaient déjà de la production occidentale. L'art constantinopolitain se trouvait donc en présence d'un vocabulaire décoratif prestigieuxet demarchés déjà constitués sur les rives de la mer Noireet dela Méditerranée. Avec la création de la nouvelle capitale, la production s'amplifia et se diversifia, particulièrement celle de Proconnèse pour qui la construction de Constantinople constituait un marché d'une rare ampleur. Le marbre était en effet omniprésent dans une architecture où les colonnades, les revêtements des murs, les dallages faisaient exclusivement appel à ce matériau. (...)
Ces valeurs s'accentuent au VIe siècle, au moment où apparaît un répertoire ornemental d'aspect orientalisant, bien mis en évidence par la découverte de l'église de Saint-Polyeucte construite en 524-527 par Julia Anicia, parent de Justinien. En dépit de la prépondérance des carrières de Proconnèseet deConstantinople, dont la production était exportée à une grande échelle (cargaison naufragée de tous les éléments préfabriqués d'une église trouvée au large de Marzamemi, en Sicile), d'autres carrières de marbre blanc (Attique, Phrygie) ou de couleur (Thessalie, Carystos, Carie) produisaient en abondance des sculptures comparables. (...)
) : Après un siècle et demi de moindre expansion, où la rareté des documents datés rend délicate l'analyse des caractéristiques, la sculpture architecturale se développe à nouveau, abondamment parfois, dans la plupart des régions de l'Empire. La nature de la production a d'ailleurs évolué. Moins de colonneset dechapiteaux: ceux-ci, de type corbeille le plus souvent (à la Vierge des Chaudronniers [Panayia Chalkêon] de Thessalonique, env. 1028, à Hosios Loukas, à la Nea Moni de Chios, aux musées de Bursaet deManisa en Turquie), peuvent être encore corinthiens (cf. les curieux exemplaires de l'église de la Vierge [Panayia, seconde moitié du Xe s. (...)
Signalons tout d'abord une série de Vierge , dont certaines sont remarquables, comme celle du musée d'Istanbul provenant des Manganes, celle qui fait partie de la collection de Dumbarton Oaks, à Washington, d'autres encore d'Athènes, de Thèbes, de Venise, des images de saints, des scènes christologiques (comme le Baptême conservé au musée de Rouen). Des bustes d'angeset desaints se retrouvent sur des chapiteaux comme sur les exemplaires de la fin du XIe-début du XIIe siècle de la Kariye Camii ou sur celui, plus tardif, du musée de Cluny. (...)
L'argent doré, associé aux émaux, aux perles et aux gemmes, est utilisé pour les montures de calices en sardoine, les plats de reliure, les reliquaires de la Vraie Croix et les icônes, comme le montrent les pièces du trésor de Saint-Marcet dela Bibliothèque marcienne, à Venise. D'Antioche provient peut-être le curieux artophorion (coffret pour pain eucharistique) d'Aix-la-Chapelle, en forme d'église à coupole, en argent partiellement doré et niellé (début du XIe s. (...)
Les artisans de Constantinople ont également atteint une maîtrise remarquable dans la fabrication des portes de bronze décorées de reliefs et d'incrustations de nielle, d'argentet dedivers alliages: on leur doit les portes réalisées dans la seconde moitié du XIe siècle pour les églises italiennes d'Amalfi, du Mont-Cassin, de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome, de Monte Sant'Angelo, de Salerne, de Saint-Marc de Venise et d'Atrani. (...)
La technique se perfectionne dans le courant du Xe siècle: les cloisons dessinent des réseaux plus complexes et plus souples, la palette s'enrichit considérablement et les couleurs deviennent plus opaques et plus intenses (staurothèque du trésor de la cathédrale de Limbourg-sur-Lahn, icône en relief de l'archange Michel à Saint-Marc de Venise, calices de l'empereur Romainet deThéophylacte, dans le même trésor, etc.). Un grand nombre d'émaux byzantins ont été à cette époque exportés en Géorgie et rapidement imités par les ateliers locaux, si bien que la distinction entre production byzantine et production géorgienne reste souvent difficile à établir. (...)
Aux oeuvres de petites dimensions, qui sont les plus nombreuses (pendentifs, icônes, éléments de décoration pour reliures ou couronnes), s'ajoutent des vases, coupes, calices et patènes, souvent sertis de montures d'or ou d'argent doré enrichies d'émaux, de cabochonset deperles (trésor de Saint-Marc). Les tissus : Ce sont surtout les soieries de luxe qui firent la renommée, pendant tout le Moyen Age, des manufactures byzantines. (...)
L'industrie textile atteint son apogée sous les Macédoniens et les Comnènes; les ateliers de Constantinople sont désormais concurrencés par ceux de Patras, de Corinthe, de Sparte, de Thèbeset deChypre. Les motifs zoomorphes répétés dans des compositions symétriques et majestueuses, d'un remarquable effet décoratif, l'emportent nettement sur les représentations figurées (triomphe d'un empereur à cheval sur la soierie de Bamberg). (...)
Aux soieries polychromes s'ajoutent, à la fin du Xe siècle et au début du XIe, des pièces à l'éclat satiné, selon la technique de l'« incisé monochrome », souvent décorées de motifs floraux et particulièrement appréciées en Allemagne, où l'on en conserve plusieurs exemples. Au XIIe siècle, une recherche plus poussée d'éléganceet definesse dans le dessin entraîne un certain déclin de la qualité monumentale. De nombreux tisserands byzantins travaillaient, à cette époque, à la cour normande de Sicile et en Italie: ils contribuèrent à la diffusion, en Occident, des textiles byzantins. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...